Le jeudi 12 novembre 2020, la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) a tenu une conférence de presse pour apporter sa version des faits à propos du problème rencontré par certains travailleurs de SOFANAT. En effet, bien que les travailleurs concernés aient pris du retard pour informer la confédération au sujet de leur problème, cette dernière n’a pas lésiné sur les moyens pour les assister et leur prodiguer les meilleures démarches syndicales à entreprendre en de pareilles situations. Certains qui en ont décidé de faire à leur tête sont ceux qui se retrouvent au chômage et qui estiment avoir été licenciés sans assistance de la CSTT. Pour permettre à l’opinion nationale et internationale de comprendre la situation, la CSTT a animé une conférence de presse dont voici en intégralité les documents.

Déclaration liminaire du Secrétaire général de la CSTT
CONFERENCE DE PRESSE DE LA CSTT SUR LE PROBLEME SOFANAT
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- Camarades membres du Bureau Confédéral,
- Camarades Secrétaires Généraux de la CSTT,
- Mesdames et Messieurs les journalistes,
- Chers invités,
- Mesdames et Messieurs,
Je voudrais au nom du Bureau Confédéral, vous souhaiter la bienvenue à cette conférence de presse dont l’objectif est d’apporter un éclairage sur l’implication de la CSTT dans la résolution du conflit collectif qui a opposé la direction de la Société de fabrication de nattes (SOFANAT) à certains de ses employés.
C’est avec indignation et consternation que nous avons suivi les différents reportages portant sur la conférence de presse organisée le 31 octobre 2020 par l’USYNTRAZOFE sur le problème SOFANAT.
Notre indignation est grande parce que les accusations portées contre la CSTT ne sont que des fabulations, des propos erronés pour discréditer notre confédération. Nous ne comprenons pas pourquoi cet acharnement des responsables de l’USYNRAZOFE sur la CSTT.
Il nous souvient que pour lutter contre la propagation de la COVID-19, le Chef de l’Etat, dans son discours à la nation le 1er avril 2020, a décrété l’état d’urgence sanitaire et le couvre-feu. Cela a conduit à une réorganisation du temps de travail dans la plupart des entreprises et sociétés de notre pays.
Selon les informations que nous avons reçues, le 02 avril, la direction de SOFANAT, dans une note de service, a sorti un nouveau programme portant le temps de travail de 08h à 12h par jour avec un repos d’une durée de 24h.
Informés de la nouvelle programmation par la direction, les délégués du personnel ont carrément rejeté cette réorganisation, estimant que dans un dialogue social, l’employeur devrait d’abord discuter avec eux avant d’arrêter quoi que se soit.
Ce bras de fer entre l’employeur et les délégués du personnel a amené certains travailleurs (170 au total) à arrêter le travail depuis le 03 avril 2020. Ils justifient leur arrêt de travail par le fait que l’employeur a refusé tout dialogue avec les délégués.
Cette décision des travailleurs nous conduit à quelques questionnements :
ü Y a-t-il des dispositions dans la législation nationale du travail qui permettent aux travailleurs d’arrêter le travail lorsque l’employeur refuse de dialoguer avec les délégués du personnel ?
ü Quel sens donne-t-on au refus des employés de reprendre le travail malgré la mise en demeure que l’employeur leur a remis avec injonction de reprendre le travail avant le 17 avril ?
ü Comment peut-on interpréter le constat d’abandon de poste que l’employeur a signifié par voie d’huissier aux travailleurs qui ont refusé de travailler ?
Il convient de préciser que l’USYNTRAZOFE est membre de la Fédération des Industries du Togo (FIT) et de la CSTT.
Mais comment peut-on comprendre qu’une crise qui a éclaté le 03 avril avec arrêt du travail, l’employeur vous donne une mise en demeure le 14 avril vous demandant de reprendre le travail au plus tard le 17 avril sinon vous serez considérés comme démissionnaires, les délégués du personnel et l’USYNTRAZOFE n’ont pas jugé utile d’informer la FIT ni la CSTT.
Ainsi le 28 avril par voie d’huissier, la Direction SOFANAT a remis aux employés concernés la lettre d’abandon de poste après pratiquement 25 jours d’arrêt de travail. Jusque-là, la CSTT et la FIT ne sont au courant de rien.
Ce n’est qu’après avoir rencontré des ONG et mené d’autres démarches sans succès que le Secrétaire Général de l’USYNTRAZOFE est venu voir le Secrétaire Général de la CSTT le 05 mai pour l’informer de la situation qui prévaut à SOFANAT avec les 170 travailleurs.
Dire que la CSTT est restée indifférente aux licenciements abusifs des 170 travailleurs de SOFANAT n’est que pure mensonge. Car la CSTT s’est fortement impliquée dans la résolution de ce problème. Aujourd’hui, grâce à la CSTT, soixante-huit (68) travailleurs ont repris le travail. Les autres n’ont pas pu reprendre, parce qu’ils ont refusé de suivre les conseils de la CSTT.
Je laisse la parole au Secrétaire Confédéral, chargé des normes et des droits humains de nous donner plus de détails sur tout ce que la CSTT a fait durant ce conflit SOFANAT.
Merci pour votre aimable écoute.
Les différentes démarches menées par la CSTT
- Chers collègues du Bureau Confédéral,
- Mesdames et Messieurs les journalistes,
Au regard de ce que vient de dire le Secrétaire Général de la CSTT, il est tout à fait clair que notre confédération n’est pas restée indifférente par rapport au problème de nos camarades travailleurs de la SOFANAT.
Au contraire, aussitôt saisie, mais tardivement par l’USYNTRAZOFE, les responsables de la CSTT se sont investis dans la résolution de la crise en posant des actes suivants :
- 05 Mai 2020 : le Secrétaire Général de l’USYNTRAZOFE est venu informer le Secrétaire Général de la CSTT qui a, à ses côtés, le Secrétaire Général de la FIT.
Sujet débattu : les élections des délégués du personnel et la crise relative à la modification des heures de travail à SOFANAT.
- 18 Mai 2020 : une délégation de la CSTT est allée voir le Directeur du Travail de la Zone Franche pour échanger avec lui sur la crise à SOFANAT
- 19 Mai 2020 : échanges à la CSTT avec une délégation de l’USYNTRAZOFE composée de (AMABLE Viho, TEPE Anani, KINAOU LEMANDJAKI et AKITI) sur le point de la rencontre avec le Directeur du Travail de la zone franche et les informer de la décision de la CSTT d’aller voir le Directeur Général de SOFANAT
- 22 Mai 2020 : Première rencontre de la CSTT avec le Directeur de SOFANAT assisté de son chef du personnel.
Pour le Directeur Général de SOFANAT, la non exécution de la mise en demeure et l’indifférence affichée à la lettre d’abandon de poste constituent une rupture unilatérale du contrat de travail qui lie les 161 travailleurs qui ont délibérément refusé de reprendre le travail. Il les considère donc comme démissionnaires. Mais l’intervention de la CSTT l’oblige à réviser sa position et à les reprendre sous condition que chacun d’eux lui adresse une lettre de demande de clémence.
- 23 Mai 2020 : Compte rendu de la CSTT de la rencontre avec le Directeur Général SOFANAT aux membres du Bureau de l’USYNTRAZOFE (AGBOGNITO, AMEBLE, AKITI et TEPE)
- 29 Mai 2020 : Deuxième séance de travail de la CSTT avec le Directeur Général de SOFANAT assisté par son Chef du Personnel
Sujet débattu : se rendant compte que les travailleurs n’ont pas réagi durant les deux semaines écoulées, la CSTT a jugé bon d’aller négocier la prorogation du délai pour deux semaines de plus afin de permettre aux 158 travailleurs restants de soumettre leur lettre de clémence. Ce que le Directeur a bien accepté.
- 04 Juin 2020 : rencontre de la CSTT avec quatre délégués du personnel de SOFANAT.
Sujet débattu : compte-rendu de la rencontre du 29 Mai 2020 avec leur Directeur Général. Il leur a été demandé d’appeler les autres travailleurs à une grande réunion pour soumettre la lettre de demande de clémence dans les deux semaines négociées de nouveau par la CSTT.
- 09 juin 2020 : Rencontre avec les travailleurs de SOFANAT à la CSTT pour insister sur les conditions de reprise demandées par l’employeur : rencontre individuelle après le dépôt de la lettre de demande de clémence. Cette rencontre a réuni au total 96 travailleurs de SOFANAT.
- 10 Juin 2020 : troisième réunion de la CSTT avec le Directeur Général de SOFANAT et son Chef du personnel
Ordre du jour : négocier une semaine de plus pour le dépôt des lettres de demande de clémence.
Pendant cette rencontre le Directeur Général SOFANAT a accordé un dernier délai de soumission de la lettre de demande de clémence qui doit prendre fin le 03 Juillet 2020.
- 04 Août 2020 : quatrième séance de travail de la CSTT avec le Directeur Général de SOFANAT assisté de son Chef du personnel
Sujet débattu : avoir une idée sur le nombre total des travailleurs qui ont repris le service après l’expiration du dernier délai fixé au 03 Juillet 2020.
Dans sa réponse, le Directeur a précisé qu’au total, sur les 72 travailleurs qui ont soumis leurs lettres de demande de clémence, 68 ont repris et travaillent actuellement. Les dossiers des quatre restants sont en instance selon le Directeur.
- Mesdames et Messieurs les journalistes,
Voilà présenter les actions menées par la CSTT qui ont conduit à la reprise du travail des 68 employés.
Quelques jours après, le Secrétaire Général de l’USYNTRAZOFE, le camarde AKITI a sollicité une nouvelle intervention du Secrétaire Général de la CSTT à poursuivre les négociations auprès du Directeur Général de SOFANAT pour la reprise des autres travailleurs.
En réalité, les délégués du personnel et les responsables de l’USYNTRAZOFE ont misé beaucoup plus sur les attentes que contiendraient les propositions de solutions des ONG et du Ministre du Travail et accordaient, par conséquent, moins d’importance aux démarches et conseils de la CSTT qui leur demandait de reprendre le travail.
Soulignons que le taux horaire de travail (12 h de travail intercalées de 24 h de repos) qui est proposé à SOFANAT, est le même que ce que le Secrétaire Général de l’USYNTRAZOFE exécute dans son entreprise à SIVOP.
Notons aussi que l’USYNTRAZOFE et les délégués du personnel n’ont pas régulièrement informé la base des travailleurs sur l’évolution des rencontres que la CSTT a eues avec la direction de SOFANAT alors que les comptes rendus leur sont périodiquement faits. Le peu d’informations qu’ils donnent à leurs collègues travailleurs sont biaisées en leur faisant croire que la CSTT fera tout pour qu’ils reprennent le travail sans condition.
La preuve en est qu’à plusieurs reprises, ils ont demandé à la CSTT d’aller négocier leur retour au travail sans cette lettre de demande de clémence à adresser à l’employeur.
Eu égard à tous ces efforts déployés par la CSTT, il est inadmissible que les délégués du personnel de SOFANAT et les responsables de l’USYNTRAZOFE estiment d’être abandonnés par la CSTT et de surcroit que son silence a été acheté par la Direction de SOFANAT.
De quel silence s’agit-il ?
- Mesdames et Messieurs les journalistes,
- Chers invités,
Voilà la version avérée des faits.
Merci pour votre attention.
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